Les éditeurs des chaînes Discover ont reçu ce début de semaine un mail leur indiquant les nouvelles règles à suivre afin d’éviter la propagation de contenu inapproprié. Ceci intervient bien évidemment dans le cadre des grands chantiers qui visent à rassurer les investisseurs en vue de son entrée en bourse, mais aussi toujours dans le but de se démarquer de ses concurrents (et notamment de Facebook). Voici les nouvelles règles sur Discover.
Supprimer le contenu choquant des chaînes Discover
Petit retour en arrière : l’été dernier, Snapchat propose un redesign des chaînes Discover en ajoutant une image de couverture (qui remplace le logo circulaire qui servait d’en-tête auparavant). Cette image est censée augmenter l’intérêt des utilisateurs en leur proposant un avant-goût de ce qu’ils vont trouver dans la story et donc les inciter à cliquer. Très vite, les éditeurs redoublent d’effort pour rendre leur photo de couverture la plus attrayante possible et s’approchent du clickbait par l’image, affichant des corps de plus en plus dénudés (même quand le sujet de l’article ne s’y prête pas). Ceci a donc conduit en juillet dernier à une action en justice de la part d’un jeune Américain de 14 ans qui estimait que Snapchat lui mettait du contenu inapproprié devant les yeux sans l’en avertir. Dans cette affaire, plusieurs exemples étaient cités :
- une story de Buzzfeed intitulée « 23 images qui sont trop réelles si vous avez déjà fait l’amour avec un pénis » (traduction approximative) et qui présentait des images de personnages de Disney,
- une autre story intitulée « 10 choses auxquelles il pense quand il n’arrive pas à vous donner un orgasme » illustrée par une image de poupées Barbie simulant un acte sexuel.
Bien évidemment, ce procès s’est réglé à l’amiable, mais le mal était fait et l’idée que Snapchat (déjà accusée d’être une appli de sexting à ses débuts) puisse diffuser du contenu inapproprié commençait à se répandre. Il est d’ailleurs courant que des utilisateurs se plaignent sur Twitter de la quantité de contenu sexuel sur Discover.
Si Snapchat travaillait habituellement main dans la main avec les éditeurs de Discover, leur indiquant les bonnes pratiques dans une relation de confiance, elle a maintenant durci le ton et prit la décision d’ajouter des règles d’utilisation en leur envoyant un mail. Il est désormais interdit d’utiliser des images de nudité ou même des images de personnes habillées dans un contexte où elles seraient sexualisées, des images d’actes sexuels ou de sextoys. La seule raison qui puisse justifier l’emploi de telles images serait la valeur de l’information délivrée. De la même façon, il est dorénavant demandé aux éditeurs de prévenir leur audience lorsqu’une story comporte des images violentes.
Limiter les fake news
Puisque Facebook semble être devenu le royaume des Fake News (ce qui a même été reconnu par Mark Zuckerberg lui-même), Snapchat souhaite se positionner plus que jamais comme un anti-Facebook et prend le problème à bras-le-corps avec ses nouvelles guidelines. S’il n’est pas fait mention explicitement de « Fake News », il est demandé de porter une attention toute particulière à la véracité du contenu publié sur Snapchat ou celui contenu dans les sites dont les liens sont postés sur Snapchat. Les éditeurs doivent donc vérifier chaque information et image postée sur leur chaîne Discover, un travail de journaliste en somme ! Snapchat annonce vouloir préserver l’indépendance éditoriale des éditeurs pour lesquels la société confirme avoir le plus grand respect en les aidant à acquérir la confiance et la loyauté de sa communauté par le biais de contenu sourcé et intéressant. Un vrai sens de la formule !
Protéger les mineurs
Un challenge important pour tout réseau social lorsqu’il possède une communauté très jeune est de pouvoir protéger les mineurs. Il est de plus très difficile sur Snapchat de connaître sa cible, tant l’anonymat du simple pseudo est préservé. Sans présence de page profil comme on en trouve sur tous les autres réseaux sociaux, il est alors très difficile de savoir qui se cache derrière un pseudo. Snapchat annonce alors le lancement d’un outil qui permettra aux éditeurs de limiter la portée de leur contenu aux plus de 18 ans. Ce système existe déjà et a été utilisé pour les publicités, notamment pour les marques d’alcool. Dans le cadre de Discover, cette fonction couvrira l’édition entière et pas seulement le contenu incriminé. La story concernée ce jour-là ne sera donc visible que par les personnes de plus de 18 ans (ou du moins ceux qui ont déclaré avoir plus de 18 ans en indiquant leur date de naissance lors de leur inscription).
Ces nouvelles règles devraient permettre de calmer un peu les utilisateurs puritains et rassurer à l’aube de l’entrée en bourse. Snapchat commence à montrer plus de souplesse tout en maintenant sa position de réseau social disruptif.